Festivals

Construire son réseau, comprendre le secteur: les étudiants ESMA au Cartoon Forum 2025

Avatar de gabrielle

7 minutes de lecture

Après trois jours de pitchs, de rencontres et d’échanges, une nouvelle édition du Cartoon Forum (plus grand événement de coproduction européenne en matière de séries animées) s’est clôturée jeudi dernier à Toulouse.

Parmi les 870 participants issus de 37 pays, 82 étudiants dont quatre issus de l’ESMA, qui ont ainsi pu être aux premières loges pour découvrir les projets qui seront peut-être ceux sur lesquels ils travailleront demain. Un programme de Coaching articulé autour de plusieurs masterclasses, mais qui inclut également des ateliers pratiques où les étudiants peuvent eux-mêmes présenter un projet face à des professionnels aussi ouverts que curieux.

Un programme de coaching pour ouvrir de nouvelles perspectives

“Chaque année, nous invitons plusieurs dizaines d’étudiants des écoles de la Région Occitanie à participer à ce programme”, détaille l’équipe de l’association Cartoon Media, qui chapeaute l’organisation de l’événement. “Approcher l’industrie de l’animation peut paraître intimidant lorsque l’on est encore sur les bancs de l’école, il nous tient donc à cœur de donner à ces jeunes les clés pour comprendre le secteur, et leur ouvrir de nouvelles perspectives.”

Concrètement, cette édition 2025 du Coaching Programme s’est ouverte dès lundi 15 septembre, avec une série de masterclasses organisées à la TBS Education pour découvrir le rôle du producteur de série d’animation, les dessous des montages financiers qui permettent la réalisation d’un projet, ainsi que les tendances du marché et les bonnes pratiques pour présenter un pitch convaincant et impactant.

Ensuite, les étudiants ont eu l’opportunité d’assister aux pitchs des professionnels au travers de deux journées d’une grande intensité. Avec une organisation minutieuse et un timing respecté à la lettre par les participants (sous peine de sanctions), les présentations s’enchaînent et ne se ressemblent pas entre 9h et 17h. Un rythme soutenu, mais nécessaire pour permettre aux 75 projets d’être présentés de manière équitable. Charge aux présentateurs, producteurs et cinéastes qui montent sur scène de tirer le meilleur parti de ces vingt précieuses minutes.

De l’observation… à la pratique : les étudiants découvrent l’art du pitch

 Jeudi dernier, ce sont les étudiants eux-mêmes qui sont montés sur scène, afin de présenter (au travers d’un atelier mini-pitch) leur projet de film de fin d’études en cours devant un jury composé de studios et représentants de la région. Dix minutes pour convaincre, mais surtout pour recueillir de précieux retours venus d’experts. Derrière cet exercice, deux objectifs : se nourrir de ces conseils pour améliorer son projet, mais aussi vivre une expérience similaire à celle des professionnels que seront peut-être ces étudiants bientôt diplômés. 

Côté ESMA, c’est Tom Aubrion, étudiant à l’ESMA Toulouse, qui a eu l’occasion de pitcher Le Cherche-Lumière au nom de son équipe face au comité de professionnels réunis pour l’occasion. Une expérience partagée avec les représentantes et représentants de cinq autres projets d’écoles de la région, qui ont également pu pitcher leur propres courts métrages. 

“Ce programme, nous l’avons envisagé comme un point de départ”, ajoute l’équipe de Cartoon. “Celui-ci se poursuit avec Cartoon Springboard, notre rampe de lancement pour les jeunes talents avec un premier projet. Une expérience encore plus riche, où les projets bénéficieront de retours de professionnels (producteurs, mais aussi distributeurs, représentants de chaînes de télévision ou de plateformes de streaming, et éditeurs) et pourront ensuite tenter d’affiner leur projet pour ensuite pitcher eux-mêmes au Cartoon Forum.”

“Un événement chaleureux, bienveillant et rempli d’énergie positive”

Qu’en ont pensé les étudiants ESMA qui ont eu l’opportunité de participer à cet événement unique? 

“Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’énergie de l’événement”, explique Clément Daurès. “On n’imagine que peu l’importance que représente la recherche de financement dans le milieu, et on sent que les équipes mettent toute leur énergie dans leur présentation. Deux projets ont particulièrement retenu mon attention : d’une part, Yojimbot [projet de série française ados/adultes mêlant la science-fiction avec le monde des samouraïs, adapté de la BD éponyme de Sylvain Repos], et de l’autre Natu Natu [coproduction franco-luxo-irlandaise portée par le prestigieux studio irlandais Cartoon Saloon]. J’ai trouvé que Yojimbot parvenait à mêler une direction artistique intéressante avec un fond d’action prenant, ce qui lui donne selon moi un vrai potentiel international.” 

C’est également Yojimbot qui a le plus marqué Julien Garraud. “Le style graphique est d’une grande qualité, avec de superbes animations 2D qui dynamisent aussi bien les scènes de combat que les moments plus contemplatifs et poétiques. Le fait que ce soit une adaptation d’une BD apporte une profondeur narrative et un univers déjà riche, ce qui donne un vrai potentiel à la série.”

Même si les deux étudiants reconnaissent être subjectifs, et tout à fait dans le public cible de cette série, les chiffres du Forum leur donnent également raison. Yojimbot figure parmi les 15 projets les plus plébiscités par les acheteurs présents à l’événement. Un classement dont la première place revient également à une adaptation animée de bande dessinée franco-belge, Elle(s), portée par le studio français GO-N Productions.

De ce Cartoon Forum, Julien et Clément retiennent également l’atmosphère chaleureuse et bienveillante, baignée de curiosité et de sympathie. “On sentait que tout le monde était intéressé, avenant et curieux de découvrir de nouveaux projets”, souligne Julien. “Mon groupe et moi avons même eu la chance de discuter avec Marc Rius, cofondateur du studio d’animation français TNZPV Productions durant la pause déjeuner, et cet échange informel a été très enrichissant.” 

C’est une ambiance qui facilite le dialogue et qui met à l’aise, ajoute Clément Daurès, qui a pu profiter de cet espace pensé pour favoriser les rencontres et la transmission. “Pour autant, on ressent aussi beaucoup la tension business et le stress que cela procure. Mais mon ressenti général est extrêmement positif. Le Cartoon Forum est un événement qui permet non seulement d’apprendre beaucoup sur l’industrie, mais aussi de se projeter, en tant que futur professionnel.”

Créer du lien, l’ADN du Cartoon Forum

Ces étudiants recommandent-ils la participation à ce type d’événement? 

“Oui, sans aucun doute”, soulignent en chœur le duo. “En tant qu’étudiant en animation, c’est vraiment précieux de participer à ce type d’événement. Cela permet d’être au contact direct de réalisateurs, producteurs, diffuseurs et financeurs. On observe les débuts de projets qui verront peut-être le jour dans les prochaines années, et ça nous donne une vision très concrète de la réalité professionnelle. Participer à un tel événement nous ouvre les yeux sur la réalité du secteur. C’est une expérience qui permet de comprendre les attentes du marché, et de nous rappeler que cet environnement passionnant est avant tout un business bien ficelé.”

De retour de Cartoon Forum, ces étudiants reviennent la tête pleine de projets ambitieux et de découvertes, mais aussi avec un regard pragmatique sur un milieu où visions artistiques et enjeux commerciaux se côtoient en permanence. 

“À un moment où les budgets se resserrent et où lancer de nouveaux projets pose des défis de plus en plus grands, Cartoon Forum reste un lieu d’opportunités et de collaborations”, souligne l’équipe dans son traditionnel communiqué de presse clôturant l’événement. “En cultivant le dialogue, la coopération et la solidarité, nous continuons de célébrer ce qui fait l’essence de l’animation européenne : créativité, résilience, et la capacité à se réinventer.” 
Une déclaration qui fait écho au slogan de Cartoon, et que les étudiants ont pu vérifier par eux-mêmes au cours de cette expérience: You create, we connect.