Coulisses de la semaine

Dans les coulisses de Wilson, une amitié extraterrestre singulière mais touchante signée ESMA

3DVF.com pour l'ESMA

6 minutes de lecture

Dans Wilson, les étudiants de l’ESMA Montpellier nous emmènent à la rencontre d’un ancien astronaute militaire ayant, suite aux infortunes du destin, fait sa vie sur une planète étrangère.

Une rencontre entre deux mondes

Au fur et à mesure de cette existence de Robinson Crusoë, il s’est lié d’amitié avec une créature aux abords carnassiers, mais avec laquelle il a tissé une relation forte et une confiance mutuelle. 

Mais Wilson tombe malade, et le voici face à un choix : survivre en rentrant sur Terre, ou rester aux côtés de celle qui est devenu son amie pour ses derniers instants

Dans cette fable poétique qui rappelle à la fois l’Odyssée de Pi, Robinson Crusoë ou La tortue Rouge, Emile Ménard, Vincent Gleizes, Laura Martinelli, Romane La Rosa, Noah Ross, Célia Safti, Lise Lett et Mallaury Labourse racontent avec douceur l’histoire d’une amitié puissante et touchante.

Avec l’équipe, découvrez les coulisses de ce film, ainsi que les choix artistiques et les défis techniques qui ont été ceux de ce projet de fin d’études singulier. 

Construire un duo mémorable, plongé dans un univers aussi mystérieux que fascinant

Pour donner vie à leur deux protagonistes, Wilson et “Bibi” (c’est ainsi que les étudiants ont surnommé cette créature), l’équipe a longuement échangé. Des itérations qui ont permis d’aboutir à un résultat très abouti, riche de nombreuses nuances.

Wilson a une quarantaine d’années, de taille moyenne et aux cheveux bruns hirsutes. Ses années de vie sur cette planète lointaine ont laissé des traces sur son corps, mais derrière sa barbe hirsute et sa perte de poids, on retrouve encore les vestiges de sa musculature d’antan”, détaille l’équipe en évoquant le background qui leur a permis de construire ce héros taciturne.

Une existence difficile qui se traduit également dans l’apparence rapiécée de son uniforme vieillissant, et au travers du poncho qu’il s’est bricolé avec le parachute de son aéronef.

La créature, par opposition, est parfaitement intégrée à son environnement, “Elle tient du félin mais aussi du reptile et elle est parfaitement adaptée au milieu de cette planète extraterrestre, et à celui de l’oasis dans lequel elle vit.

Elle peut évoluer sur terre comme dans l’eau grâce à sa nageoire dorsale et à sa cavité nasale placée sur le haut de sa tête, ce qui lui permet d’explorer les eaux tout en respirant la majeure partie du temps.” Un design inspiré à la fois de la faune terrestre marine, mais aussi de créatures de fiction comme celles de Dragons.

Un être réfléchi et pensé comme en symbiose avec la flore et la faune de cet écosystème, comme le souligne l’équipe, et aux couleurs et aux motifs chatoyants, qui rappellent les papillons et atténuent sa férocité. 

Tous deux vivent dans un monde d’une grande diversité, fruit d’un long travail de recherche de la part de l’équipe. “Le design des environnements choisis a pour objectif d’avoir une richesse de détail tout en apportant un sentiment grandiose et organique. Pour cela nous avons choisi de nous inspirer de trois univers en particulier : Le classique Princesse Mononoké pour la représentation forte de la nature ; la série HBO Scavengers Reign pour leur grande réussite qui consiste à avoir réussi à créer une planète extraterrestre à la fois complexe et organique ; enfin, la flore de Nausicaa et la vallée du vent, pour l’aspect « toxique » que ces plantes dégagent, qui nous permettent de faire le lien avec la thématique de l’environnement hostile, et de la maladie de Wilson.”

Des influences qui rejoignent l’esthétique d’artistes tels que Moebius ou Pascal Blanché, une “retro sci-fi” aux couleurs singulières, qui contribuent à l’atmosphère unique du film.

Entre lumière douce et matinées paisibles, on comprend aisément tout l’attachement qui lie nos protagonistes entre eux et avec leur environnement, rendant l’intrigue tout à fait cohérente. 

Un subtil mélange de douceur et de tristesse, qu’il a fallu réussir à incarner dans ce récit. Un défi qui a sollicité toutes les compétences de cette équipe.

Des enjeux techniques multiples

Pour poser les bases de ce film, l’équipe de Wilson a dû rivaliser d’inventivité. “Notre film se passe sur une planète extraterrestre, nous avons dû faire des concepts arts regroupant de nombreuses inspirations pour arriver à avoir un monde beau et plein de couleurs qui ne ressemblent pas au nôtre mais qui reste cohérent.

Mais ces environnements riches ont également nécessité la création de nombreux FX, notamment par son lien avec l’élément aquatique”, se remémore l’équipe. “Beaucoup de simulation d’eau, cela implique des FX très lourds, et une très longue phase de R&D tant en FX qu’en texturing pour arriver à un aspect qui nous convenait.” 

Des FX qui, le plus souvent, se construisent en interaction avec les personnages et devaient dès lors pouvoir réagir à leurs mouvements, comme c’est le cas des herbes qui ondulent dans les vastes environnements du film.

Un défi de taille, mais que l’équipe a réussi à surmonter en travaillant de manière collaborative, notamment avec d’autres étudiants de la même promotion.

“Nous sommes partis sur une production Houdini / Solaris, avec un pipeline au format USD pour simplifier la gestion de ces vastes environnements.

Cela a impliqué un nouveau workflow, et une nouvelle façon de faire, mais nous avons pu échanger régulièrement autour des problèmes rencontrés avec d’autres groupes de la promo qui travaillaient sur le même pipeline, ce qui nous a aidé à venir à bout de ces défis.” 

Inventivité et travail collectif, la recette d’un court métrage abouti

Grâce à cet esprit collaboratif, l’équipe de Wilson est parvenue à venir à bout de nombreuses scènes à forts enjeux, tout en donnant au film cette patte unique.

“La stylisation de nos textures a également demandé beaucoup d’itérations, étant donné que nous avions l’ambition de faire un film semi-réaliste. Une stylisation que nous avons poursuivi au compositing, avec un passage 2d qui ajoute une note picturale à l’image, rappelant les concept arts du début de notre production.”

Poster

Enfin, la scène qui a peut-être été la plus difficile à gérer selon l’équipe est aussi l’un des plus longs plans du film. “Celui-ci dure presque une minute et la caméra effectue une panoramique de 180 degrés. Tout l’environnement est présent dans ce plan, et nous avons dû construire un layout qui ne montrait que ce qui était vu à l’écran à l’instant T. Sans quoi, la scène aurait été trop lourde, et ingérable.” 

Une ingéniosité qui a permis à cette équipe de huit étudiants d’arriver à un résultat visuellement impactant, doublé d’une touchante histoire d’amitié.

Découvrez le film Wilson, disponible dans son intégralité sur la chaîne YouTube ESMA Movies :

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