Coulisses de la semaine

Dans les coulisses du court métrage The Alpine Whistle, thriller tendu dans les Alpages co-signé par huit étudiantes ESMA

3DVF.com pour l'ESMA

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Un espace idyllique, un décor accueillant… mais l’herbe n’est elle pas toujours plus verte sur la montagne d’à côté, comme dit le dicton? C’est en tout cas ce que semble penser cette petite hermine, protagoniste du court métrage Alpine Whistle.

Frustrée de devoir cotoyer des voisins trop bruyants, le mammifère acariatre part en quête d’une nouvelle demeure. Mais ce qu’elle va découvrir risque bien de lui faire regretter son alpage d’origine…

Prenant un malin plaisir à torturer Lalao, leur hermine grincheuse dont la vie va rapidement se transformer en cauchemar, l’équipe de huit étudiantes de l’ESMA livre un court métrage de fin d’études riche en émotions, d’une grande qualité technique. Une occasion en or de mettre en lumière les compétences acquises au cours de leur formation, et d’explorer les outils qu’elles ont pu découvrir. 

Un travail qui n’aurait pas pu être possible une cohésion d’équipe particulièrement solide, et une collaboration structurée d’un niveau presque professionnel. Pour en découvrir plus sur les coulisses de ce film, nous nous sommes penchés sur les choix artistiques et les défis techniques relevés par Marine Camps, Éléanore Chaboud, Chloé Escot, Mélina Lebeurier, Camille Lecture, Paola Navarro Castillo, Marie Rousselet et Alizée Waquez.

L’occasion d’en apprendre davantage sur la manière dont travaillent les étudiants en dernière année à l’ESMA, et sur leur approche. 

La montagne comme point de départ

C’est tout d’abord par amour de la montagne et des paysages alpins que les réalisatrices ont choisi de se lancer dans ce récit, et de poser là le décor de ce court métrage. 

“Nous voulions mettre cette beauté à l’honneur, et c’est pourquoi nous avons décidé de représenter celle-ci comme une peinture, comme si un artiste avait voulu redécorer cet environnement à grands coups de pinceaux.”

Une approche qui a permis à l’équipe de dévoiler à la fois la douceur et la fragilité de ces paysages, très rapidement malmenés par la main humaine. “C’était aussi une manière de jouer sur les sens du public, notamment le toucher, pour s’immerger le plus possible dans ce bel univers.” 

Un récit à hauteur d’hermine 

En utilisant l’hermine, un petit animal dont le point de vue sur le monde diffère radicalement du nôtre, l’équipe a donné à la montagne un caractère singulier en jouant avec les différentes échelles pour construire d’abord l’émerveillement, ensuite la tension.

“Lalao, notre petite hermine, semblait toute indiquée. Cela nous permet d’observer les répercussions des activités humaines dans ces zones et de les ressentir de manière très charnelle grâce à ses émotions, les vivre à travers elle. 

Au rythme de Lalao, nous apprenons à apprécier ce qui nous entoure [à l’inverse de l’hermine grincheuse], et au fur et à mesure que nous découvrons des dangers de plus en plus intenses, nous savourons de plus en plus ce que nous avions sous les yeux auparavant.

Le point de vue du petit mustélidé au sol place le spectateur dans un univers gigantesque où chaque élément semble être un obstacle, un potentiel danger. De cette manière, on peut se permettre d’exagérer, déformer, transfigurer le décor.” 

De quoi transmettre le sentiment d’anxiété croissant, qui passe beaucoup par la mise en scène et le jeu d’éclairage finement dosé de l’équipe créant rapidement un monde anxiogène et violent. Et ce, à coup d’ombres terrifiantes, de tons rouges sinistres et de textures brutales. 

Construire un monde sonore pour renforcer l’impact 

“Cette exacerbation ne s’arrête pas seulement au visuel, mais touche aussi au son”, ajoute l’équipe. “D’ailleurs, ce dernier rythme le récit : une cacophonie quand il s’agit de nature, opposé au silence glacial du chantier. Nous avons voulu appuyer la dissonance entre humanité et écosystème. La dimension sonore de ce court métrage est ainsi très importante : elle nourrit le film et renforce les tribulations de Lalao, tout en permettant de renforcer l’impact de la résolution, lorsque l’hermine réussit à retrouver sa sérénité et son bien être initial.” 

Comment l’équipe a-t-elle relevé ces nombreux défis? Une seule réponse : au travers d’un travail minutieux, basé sur des compétences développées au cours de leur formation, mais aussi grâce à leur inventivité et à leur créativité. Un cocktail qui n’aurait pu aboutir, sans la mise en place d’une dynamique de collaboration basée sur l’écoute, l’entraide et l’esprit d’équipe. 

Des logiciels maîtrisés pour un visuel homogène et qualitatif

Pour donner vie à cet univers, l’équipe de Alpine Whistle a utilisé un grand nombre d’outils, en commençant par Maya. “Nous avons choisi ce logiciel pour son approche générale de la 3D, permettant d’aller de la modélisation à l’animation, en passant par le rig”, précise l’équipe. Mais ce n’est pas le seul logiciel qui a été utilisé pour ce court. “De la même manière, il était nécessaire pour nous de lier les différents supports entre eux, notamment dans le cadre du passage de Maya à Houdini que nous avons choisi pour faciliter la création du groom des personnages et leur simulation.”

Un aspect essentiel du projet, étant donné le nombre de plans impliquant des gros plans sur la fourrure de l’hermine, animée avec finesse.

“Il s’agissait souvent de transférer les données et de passer rapidement d’un logiciel à l’autre pour tester, refaire, améliorer, notamment pour la texture des poils. Nous avons eu besoin d’effectuer de nombreux allers-retours entre Substance, logiciel de texture, et un des moteurs de rendu de Maya, Renderman, que ce soit pour des raisons esthétiques ou purement techniques.”

Enfin, pour finaliser le visuel de l’ensemble de la production et de l’homogénéiser, l’équipe a utilisé Nuke pour le compositing. “C’est cet outil qui nous a permis de créer une cohérence globale et de peaufiner certains détails graphiques.

Enfin, il restait à monter le tout sur Da Vinci Resolve pour obtenir la continuité recherchée, et aboutir à un résultat final à la hauteur de nos attentes.” Un résultat de haut niveau, et une carte de visite de qualité permettant aux artistes fraîchement diplômées d’aborder le marché de l’emploi très concurrentiel du cinéma d’animation.