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Expériences culturelles immersives : documenter, conserver, transmettre le réel en 3D

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Chaque mois, le Lab des Écoles Créatives analyse la manière dont les industries culturelles et créatives se réinventent face aux transformations sociales, technologiques et environnementales. Cinéma, animation, 3D, architecture ou jeu vidéo deviennent autant de terrains d’innovation pour renouveler les formats, les récits et les modes de transmission.

Lors du Mois de l’Impact, qui s’est tenu le 21 novembre 2025 sur le campus de Rennes, artistes numériques, chercheurs et spécialistes du temps réel ont exploré le rôle de l’immersion dans la création contemporaine. 

Après avoir observé l’émergence des expériences monumentales avec Marc Petit (Épisode 1), ce second volet s’intéresse à la dimension patrimoniale de l’immersion à travers le travail de Florent Laroche, pour qui la 3D n’est pas qu’un langage visuel, mais aussi une archive, une preuve, une mémoire sauvegardée.

Portrait Florent Laroche

Florent Laroche – L’immersion comme archive et comme preuve

Face à ce spectaculaire assumé, Florent Laroche rappelle qu’une expérience culturelle immersive n’est pas seulement une projection visuelle. C’est aussi une trace, une mémoire, un outil pour documenter ce qui disparaît. Ingénieur et enseignant-chercheur, il travaille depuis plusieurs années à la numérisation d’objets industriels, d’espaces patrimoniaux et de maquettes historiques qui risqueraient, sans cela, de sortir du champ du visible. 

« Notre devoir, c’est d’éclairer la société sur demain. On donne du sens, on documente, on transmet. » Et parfois, on doit aussi rappeler ce que l’histoire raconte vraiment. 
Il ne décrit pas l’innovation comme une course à l’effet, mais comme une responsabilité. 

Son projet Nantes 1200 en est un exemple marquant. À partir d’une maquette de dix mètres, il a fallu modéliser la ville médiévale à l’échelle 1/400 en combinant relevés laser, modélisation, analyses croisées d’historiens et d’architectes, comblement des zones manquantes, vérification des hypothèses. L’objectif n’était pas seulement de reproduire un passé, mais de créer un modèle qui puisse être relu dans quarante ans, sans perte d’information et sans dépendance à un logiciel spécifique. 

Florent Laroche cite les trois piliers fondateurs de la réalité virtuelle définis par Philippe Fuchs : immersion, imagination, interaction
Il note que la plupart des projets actuels travaillent admirablement les deux premiers, mais oublient souvent la dimension participative. 
« Le public n’a pas envie qu’on lui dépose un savoir. Il veut chercher. »  

©Université de Nantes

Une expérience immersive devient plus riche lorsqu’elle offre au visiteur un espace de recherche, d’exploration, de manipulation.

Ce travail engage une vigilance profonde. Numériser une usine, un instrument scientifique, une zone architecturale menacée, c’est peut-être conserver la seule trace d’un espace voué à disparaître. 
« Demain, nos modèles 3D seront peut-être utilisés comme vérités. » 
Un modèle imprécis pourrait réécrire le passé. 
L’immersion est alors plus qu’un spectacle : c’est un outil de conservation, parfois même de sauvetage. 

Pour en savoir plus sur les travaux des chercheurs du Lab. des Ecoles Créatives consultez le site dédié :