Avec près de quinze ans d’expérience dans la recherche de talents, Julie Gouthéraud a rejoint le prestigieux studio toulousain en 2022 et met aujourd’hui à profit ses compétences pour dénicher les perles rares qui contribueront aux productions animées de demain.
Quelles sont les compétences recherchées par les studios en 2025?
Quels logiciels sont utilisés par TAT, et de quelle manière le studio gère-t-il tant le recrutement que l’évolution des carrières?
Enfin, comment bien présenter sa candidature, et quels sont les écueils à éviter pour maximiser ses chances d’embauche?
Autant de sujets que nous avons pu évoquer avec la chasseuse de têtes. Découvrez cette interview ci-dessous.

Un quart de siècle pour le studio toulousain
Fondé en 2000, TAT Productions fête cette année ses 25 ans. Une année déjà bien remplie pour le studio de renommée internationale, puisque TAT vient de sortir son dernier long-métrage Falcon Express en salles, quelques mois à peine après la sortie de la mini-série Astérix et Obélix : Le Combat des Chefs sur Netflix, réalisée par Alain Chabat et Fabrice Joubert.

“Notre équipe compte 300 personnes aujourd’hui”, nous précise Julie Gouthéraud. “ Actuellement, nous avons une série en cours de production pour France Télévisions, Les Aventures de Pil, prévue pour 2026 et adaptée de notre long métrage Pil sorti en 2021. En parallèle, nous travaillons également sur nos deux prochains long-métrages pour le cinéma : Lovebirds (prévu pour 2027) et Ringo at Summer Camp (prévu pour 2028).”
Des projets à la fois ambitieux et motivants, qui mettent à l’œuvre la crème de la crème de l’animation 3D française. Parmi ces nombreuses productions, Pil a longtemps été le projet favori de Julie Gouthéraud.
Aujourd’hui, c’est la mini-série Astérix, dont la sortie a fait grand bruit lors de sa sortie en avril 2025, qui occupe cette place spéciale dans le cœur de la recruteuse.
“Un bon professionnel est un passionné, à l’écoute et rigoureux”
Même si elle n’a intégré ce secteur que depuis trois ans, Julie Gouthéraud reconnaît que le contexte actuel est difficile dans l’industrie de l’animation. Malgré tout, elle confie ne pas ressentir de réel ralentissement chez TAT. “On fait peut-être encore plus attention aux dépenses et aux engagements sur le long terme, même si il me semble qu’on a toujours été prudents. L’emploi en CDI n’est par exemple pas très répandu chez nous, même s’il représente tout de même 20% des recrutements, essentiellement les postes transverses et de support.”
Pour celle dont le travail est de trier les profils et d’identifier au mieux les meilleurs profils pour le studio, “un bon professionnel est un passionné, à l’écoute et rigoureux, qui connaît nos logiciels, essaie de respecter les délais et soutenir son équipe.”
Pour candidater chez TAT, il est selon Julie Gouthéraud essentiel “d’être ou vouloir se spécialiser dans le métier où l’on recrute, avoir étudié l’offre d’emploi et compris les enjeux du poste (poser des questions en entretien le cas échéant).

Il faut également connaître le studio et ses productions, maîtriser le logiciel concerné, et souvent pouvoir assurer un travail en présentiel, le studio n’étant pas équipé de façon optimale pour le travail à distance.”
Autant de critères à garder à l’esprit, pour ce studio comme de manière générale si vous souhaitez poser votre candidature pour une entreprise déjà bien établie, comme c’est le cas de TAT.
Concilier innovation technologie et exigence artistique, “une question digne d’un sujet de philo au bac!”
Face aux évolutions du secteur, TAT s’adapte, voire se réinvente, tout en gardant à l’esprit l’équilibre entre créativité et innovation technique.
“Nous venons d’incorporer Unreal à notre pipeline série. C’est un grand changement car il a fallu tout reconstruire et adapter nos méthodes de travail. Côté recrutement, il a été très difficile de trouver des profils expérimentés sur ce logiciel. Mais côté production, grâce à Unreal on n’a plus besoin de dizaines de machines de calculs, plus de compositing, et tout apparait en temps réel. Cela permet de se projeter bien plus facilement dans les univers mis en place.”

Qu’en est-il de l’IA? Celle-ci n’est pas (encore?) intégrée chez TAT, en tout cas pas à la connaissance de Julie. “On surveille ce qui est fait, on a rencontré Adobe à ce sujet il y a peu mais pour l’instant les choses produites ne sont pas à la hauteur des exigences du studio. En tout cas, je ne l’utilise pas du côté recrutement, même si j’ai déjà eu des étudiants qui m’ont posé la question notamment pour le tri des candidatures.”
Interrogée sur l’évolution potentielle de cette politique d’entreprise, la recruteuse souligne que c’est bien la création qui doit rester au centre du débat. “Même si l’utilisation de l’IA va se démocratiser, je pense personnellement que la technologie doit être au service de la créativité et de l’artistique. Nos moyens définissent aussi notre cadre, c’est un doux mélange qui doit rester équilibré, mais un artiste doit toujours être capable de rentrer dans les sujets techniques, et inversément.”
Des horizons ouverts pour les jeunes générations
Selon Julie Gouthéraud, les étudiants qui sortent aujourd’hui d’écoles comme l’ESMA sont bien préparés au marché du travail. “Ils sont motivés, avenants et ont le souci de bien faire”, souligne la recruteuse qui maintient des rapports enrichissants et agréables avec les différentes écoles d’animation 3D, tout en offrant également sa vision et en partageant ses recommandations avec celles-ci.
En termes de recrutement, la maîtrise des outils est également importante, surtout pour un studio comme TAT qui utilise, au-delà d’Unreal, des logiciels comme Maya, 3ds Max Nuke, Vray, Houdini, Substance, Zbrush pour ne citer que les plus connus.
Mais aujourd’hui, dans un marché très compétitif, il faut combiner une formation de qualité avec une recherche préalable pour faire sortir sa propre candidature du lot., et faire sortir sa propre candidature du lot.

“C’est véritablement le meilleur atout pour décrocher un entretien. Pour être sélectionné”, précise Julie, “il faut que la démo matche avec le besoin du studio à l’instant T. Par exemple, on favorise des gens qui ont du semi cartoon sur des quadrupèdes en anim pour Ringo, qui va compter beaucoup de chiens.”
Un dernier conseil?
“Cultivez-vous au maximum à propos des différents studios, ne vous arrêtez pas aux productions, comprenez le marché, ça vous aidera à vous positionner et à vous valoriser lors de processus de recrutement.”

