
Redonner de la lumière aux Poilus
Dans No Bird’s Land, le spectateur est immédiatement propulsé dans l’enfer des tranchées. Le film s’ouvre sur une scène de bombardements et de chaos, plongeant d’emblée dans une atmosphère oppressante. Grâce à un travail minutieux sur l’image – alternant flous, contrastes marqués et mouvements frénétiques – une impression de rêve, ou plus franchement de cauchemar, se dégage dès les premières secondes. Enfin, apparaissent les trois personnages principaux : Edgard, un première classe blessé, Jean, un soldat du 3e régiment d’infanterie qui va tenter tant bien que mal de trouver un médecin au milieu de ce carnage, et un dernier soldat, anonyme, en état de sidération totale.

Un défi technique audacieux
L’un des choix les plus marquants du film réside dans la représentation des soldats sous la forme de pigeons à morphologie humaine. Si ce parti pris a été immédiatement assumé par les réalisateurs, c’est bien dans l’optique d’illustrer symboliquement le mépris avec lequel les soldats étaient envoyés au front, considérés comme de la simple chair à canon.


“La modélisation des plumes a été un enjeu majeur dès le début de la production. Nous savions qu’il n’y en aurait que sur la tête et les mains, mais nous avons dû expérimenter de nombreuses techniques avant d’aboutir à un résultat convaincant.”
Le choix de rendre les oiseaux inaptes au vol renforce la métaphore tragique : ces soldats-pigeons sont cloués au sol, condamnés à leur sort sans le moindre espoir d’évasion.

Transmettre l’émotion à travers l’animation
Un autre défi majeur du film a été de transmettre des émotions humaines à ces personnages animaliers, une représentation aussi rare qu’ambitieuse. Pour y parvenir, l’équipe a mis l’accent sur leurs expressions faciales, en dotant les pigeons d’yeux humains, accentuant ainsi l’empathie du spectateur face à leur destin tragique. Le lighting joue également un rôle essentiel, sculptant l’image et renforçant l’immersion dans cet univers sombre et tourmenté.


