C’est au travers de cette production internationale que nous rencontrons Julie Chapelle, ancienne étudiante diplômée de l’ESMA en 2021 et qui a depuis travaillé sur Ce Noël-là pour DNEG, mais aussi sur la série Eyes of Wakanda, aujourd’hui disponible sur Disney+.
Pour The Twits, qui arrive sur Netflix le 17 octobre, elle a été Lead Lighting au sein du studio Jellyfish Pictures, et a contribué aux ambiances étranges et horrifiques de ce film.
Aujourd’hui à la recherche de nouvelles opportunités, Julie a accepté d’échanger avec nous sur cette production réalisée par Phil Johnston, scénariste de Zootopie et réalisateurs de Ralph 2.0.

Concrètement, comment s’est déroulée cette expérience?
Mes missions principales étaient de mener une équipe d’une dizaine de lighting artists en Inde et une key artist basée à Londres, et leur faire des retours artistiques sur quatre séquences du film pour assurer une bonne continuité.

Je faisais aussi du set up de séquence, c’est-à-dire préparer la structure d’une séquence (autrement dit un template), en se basant sur les key arts du client, pour ensuite passer la main à mon équipe.
Ces missions ont également impliqué une bonne dose de communication, autant avec ma propre équipe qu’avec les autres leads et l’équipe de production.
Enfin, j’étais également chargée d’accompagner le Superviseur VFX dans la présentation des livrables au client, c’est-à-dire Netflix.

Pouvez-vous nous parler d’une séquence qui vous a marquée dans le projet?
Malheureusement, nous sommes tenus à des clauses de confidentialité sur ce type de livrables. Mais ce que je peux vous dire, c’est que j’ai travaillé notamment sur l’une des séquences visibles dans la bande annonce du film.
Quelles contraintes techniques ou artistiques ont marqué ce travail ?
C’était la première fois que je travaillais sur Karma, l’outil de rendu incorporé à Houdini/Solaris, il y avait donc un peu de challenge pour accompagner l’équipe au mieux. L’aspect volontairement tordu et mouvant de certains décors ont pu faire de certains plans de véritables challenges pour le lighting.

Au-delà des défis techniques, il faut dire que les contraintes liées au décalage horaire avec l’équipe basée en Inde réduisait également le temps de communication avec l’équipe, il fallait donc être efficace dans la gestion du temps accordé à chacun·e pour garantir le bon déroulement du projet.
Quels outils ou logiciels avez-vous utilisés au quotidien ?
Au quotidien, j’utilisais Houdini Solaris, Karma, Nuke, Shotgun pour le suivi de la production, et Jira pour les “tickets” lorsqu’il y a des bugs ou des besoins spécifiques.
Au-delà de cet outil de suivi de projet, nous utilisions également un logiciel de “review” interne à la boite pour faire des retours aux artistes.
Avec quels autres métiers étiez-vous en interaction constante ?
J’étais souvent en discussion avec les divers métiers de la production pour parler planning et communication, en interaction avec les départements de matte painting, compositing, et surfacing, lorsque certains éléments devaient ou ne pouvaient être pris en charge par les équipes de lighting.
Et enfin, en interaction avec le client, les directeurs artistiques, et bien sûr le superviseur VFX pour le suivi artistique des séquences.
Cette communication régulière s’est révélée très utile, notamment avec l’équipe de surfacing sur une séquence qui nécessitait d’adapter la luminosité des fissures dans les murs de la pièce pour un meilleur rendu.

Quels acquis de votre formation vous ont servi directement sur ce projet ?
L’ESMA m’a beaucoup apporté pour le travail d’équipe, mais aussi la gestion de la pression, la gestion des deadlines, la communication, et les compétences tous départements confondus.
Même si aujourd’hui je fais principalement du lighting et du compositing, j’ai pu développer une connaissance et des compétences larges du secteur de l’animation et des différents métiers qui le composent, et cela m’a servi dans tout un tas de situations. En outre, pratiquer l’anglais au quotidien lors de la création du court-métrage de dernière année à l’ESMA Lyon m’a grandement aidé dans ce rôle de Lead, où l’anglais était la norme.
Au-delà des défis techniques, il faut dire que les contraintes liées au décalage horaire avec l’équipe basée en Inde réduisait également le temps de communication avec l’équipe, il fallait donc être efficace dans la gestion du temps accordé à chacun·e pour garantir le bon déroulement du projet.
Qu’avez-vous appris durant ce projet, et qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette aventure?
Ce film m’a permis de faire des reviews (retours) à d’autres personnes, les aider, faire remonter les problèmes, m’adapter aux situations, et présenter des livrables au client.
C’était ma première expérience de Lead et mine de rien, c’est un travail qui n’est pas le même que celui d’artiste.


Sur The Twits, j’ai aimé travailler sur ce style graphique (j’adore les projets stylisés, ça apporte toujours de nouveaux challenges) et faire des retours artistiques à l’équipe.
Grâce à ce projet, j’ai pu faire de belles rencontres, et croiser les expériences avec d’autres personnes ça n’a pas de prix ! L’entraide et le soutien m’ont aussi beaucoup apporté.
Quels films ou univers vous inspirent aujourd’hui ?
Ce qui m’inspire, ce sont les univers forts avec une grande richesse artistique, d’animation et de storytelling. Pour n’en citer que 3 : Spider-Man : Across the Spider-Verse, Arcane, Primal. Et bien sûr, celui qui a fait naître ma passion, et que je ne cesse de revoir : Dragons.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui vise ce type de poste ?
Multiplier les projets, les expériences, car chaque projet apporte une nouvelle corde à mon arc. Bosser l’anglais, se diversifier dans les logiciels, travailler votre réseau, contacter les gens sur LinkedIn…
Et ne pas oublier de continuer de se former (car on n’arrête jamais), continuer de faire travailler son œil par différents médiums (le dessin, la photographie…), et regarder et analyser des films. Mais surtout, gardez la passion qui vous anime !
Pour en découvrir plus sur le parcours de Julie Chapelle, découvrez son profil LinkedIn.