Lucie Martinetto

Découvrez le portrait de Lucie Martinetto, ancienne étudiante de l’ESMA et aujourd’hui Senior Rigger chez Ubisoft.

Photo de Lucie Martinetto
Année de graduation
2016
Entreprise actuelle
Ubisoft
Poste actuel
Senior Rigger
Formation
Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux

Sortie en 2016 de l’ESMA Montpellier après un bac S en physique / chimie, Lucie Martinetto a commencé sa carrière avant même sa sortie de l’école, à la suite d’une rencontre prometteuse au festival d’Annecy.

C’est en effet au cours de cet événement incontournable du secteur de l’animation qu’elle a signé son premier contrat avec le studio londonien The Mill, avant de travailler pour Framestore (Les Animaux Fantastiques, Slumberland), l’Atelier d’Animation (Fireheart), Fortiche (Arcane Saison 2), et aujourd’hui Ubisoft

Un parcours impressionnant, avec une spécialisation assumée dans le rigging, qui a mené la Montpelliéraine d’origine de Londres à Paris, en passant par Montréal. 

Aujourd’hui de retour dans sa ville natale au sein des studios Ubisoft, pour lesquels elle a travaillé sur Star Wars: Outlaws, le dernier Assassin’s Creed ou encore Beyond Good and Evil 2, Lucie Martinetto a accepté de se confier sur son parcours professionnel et sa carrière.

Une habituée de l’exercice pour l’ESMA, qui s’y prête toujours avec autant de sympathie et de bienveillance. 

Pouvez-vous nous décrire votre poste aujourd’hui? 

Je suis actuellement Senior Rigger au sein du département Cinématique d’Ubisoft Montpellier, où je travaille depuis bientôt deux ans. Mon rôle se concentre principalement sur le rig facial des personnages présents dans les cinématiques de nos jeux (Assassin’s Creed par exemple). Mon objectif est de permettre des expressions crédibles, nuancées, et techniquement performantes, afin de renforcer l’immersion et l’impact émotionnel des scènes.

Quel est le projet dont vous êtes le plus fier à ce jour ?

L’un des projets qui me rend le plus fier est celui mené par notre équipe de R&D : nous développons des rigs faciaux de nouvelle génération, capables de reproduire une large palette d’émotions avec toujours plus de finesse et de réalisme. Ces rigs sont ensuite déployés à l’échelle mondiale dans tous les studios Ubisoft, ce qui leur confère un impact majeur. Contribuer à un outil qui sert l’ensemble de la production internationale de l’entreprise est une véritable source de fierté pour moi.

Comment percevez-vous l’état actuel du secteur de l’animation et du jeu vidéo, en France et à l’international ?

Le secteur a été profondément bouleversé depuis la pandémie de COVID-19. Les crises successives ont laissé des traces : les opportunités d’emploi se sont raréfiées à la fois pour les professionnels expérimentés et pour les jeunes diplômés qui arrivent sur un marché saturé. Cela fait maintenant cinq ans que cette situation perdure, ce qui semble indiquer une transformation plus profonde du marché. Mais je reste optimiste : notre industrie est résiliente, passionnée, et saura se réinventer.

Qu’est-ce qui fait selon vous un bon professionnel dans le secteur aujourd’hui?

Les profils techniques restent très recherchés, mais il faut également pouvoir aller au-delà des compétences techniques : la curiosité, la capacité à travailler en équipe, la gestion du stress et la communication sont aussi essentiels.

Côté management, beaucoup de leads sont d’anciens artistes promus, sans forcément avoir été formés à la gestion d’équipe. Ils acquièrent leurs compétences managériales sur le terrain ou via des formations internes. C’est peut-être là un des défis structurels de notre industrie : mieux accompagner la montée en compétence sur ces postes clés. 

Du côté des étudiants, chaque année, les jeunes diplômés sont plus impressionnants techniquement. Mais ils arrivent sur un marché saturé, où l’expérience est souvent valorisée. Face à des vétérans, il leur est parfois difficile de se démarquer, même avec un excellent portfolio. Cela peut être décourageant, mais il faut garder en tête que la passion, la persévérance et la curiosité finissent par payer.

En quoi les évolutions technologiques ont-elles changé votre manière de produire depuis le début de votre carrière?

Notre industrie est jeune, et son évolution est étroitement liée à celle des technologies. Chez Ubisoft, nous cherchons à embrasser ces innovations pour rester à la pointe et offrir des expériences toujours plus immersives.

Notre manière de produire évolue sans cesse, et l’adaptation est une compétence fondamentale. Celui qui ne s’adapte pas risque de décrocher. L’IA, les nouveaux moteurs, les outils collaboratifs : tout cela modifie nos workflows, et il faut constamment apprendre, tester, s’ajuster.

À moyen terme, l’intégration des outils d’IA générative dans les pipelines de production va probablement transformer nos métiers, surtout sur les tâches répétitives. Cela peut libérer du temps pour la créativité, mais nécessite aussi de revoir nos approches et nos rôles.

Je pense aussi que les productions vont se recentrer sur des projets plus ciblés, avec des équipes plus réduites mais plus agiles.

Enfin, la question du bien-être au travail et de la durabilité des carrières deviendra centrale : notre secteur doit se structurer pour préserver ses talents sur le long terme.

Quelle place pour la production française dans ce marché de plus en plus internationalisé?

La France reste une référence mondiale en matière d’animation et de jeu vidéo. Nos écoles sont parmi les meilleures au monde, et les talents français sont très prisés à l’étranger.

Cela pousse de plus en plus d’étudiants à envisager une carrière internationale, que ce soit pour décrocher leur premier poste ou travailler sur des projets d’envergure. Cette mobilité peut être une vraie richesse, tant pour les artistes que pour les studios.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui se forment aujourd’hui et aux écoles qui les accompagnent ?

Choisissez bien votre école : il y en a de plus en plus aujourd’hui, mais toutes ne se valent pas. Un nom comme l’ESMA, établi depuis plusieurs décennies, reste une valeur sûre et vous donnera une vraie crédibilité à l’entrée sur le marché.

Soyez à l’écoute de l’industrie, restez curieux, suivez les tendances, apprenez à apprendre. Et surtout : n’hésitez jamais à contacter des professionnels, à demander des retours sur votre travail, ou des conseils sur les opportunités actuelles.

L’humilité, la curiosité et la persévérance font souvent toute la différence.

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