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Lorène Bettker


promotion 2014

Lead Lighting TD
Travaille actuellement chez : Framestore

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Diplômée en 2014, Lorène s’est envolée au Canada pour faire carrière dans le lighting. Son but ? Intégrer un studio d’effets spéciaux afin de parvenir à rendre l’illusion crédible à l’écran. Sa rencontre avec les arts appliqués a été un véritable coup de foudre. Depuis sa formation à l’ESMA, elle s’est prise de passion pour le dessin et la peinture, activité qu’elle mène en parallèle de son poste dans le cinéma d’animation 3D.

Retour sur tes années ESMA

POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX D’INTÉGRER UNE FORMATION CINÉMA D’ANIMATION 3D & EFFETS SPÉCIAUX ?

J’ai toujours été attirée et fascinée par le monde du cinéma. Arrivée en terminale je ne savais toujours pas où me diriger. Mes parents m’ont donc vraiment encouragé à choisir ce qui me ferait plaisir même si cela voulait dire se tourner vers le privé.

Peu de temps après que mes parents m’aient soufflé la voie du privé, je me suis rendue compte que les courts-métrages d’animation que je regardais sans fin sur Youtube depuis plusieurs semaines, étaient en fait des travaux d’élèves ! J’ai intérieurement explosé de joie, passionnée de dessins animés, j’entrevoyais la chance d’apprendre à les faire !

Je pense que la semaine d’après, mon dossier a été envoyé.

POURQUOI AVOIR CHOISI D’INTÉGRER LA FORMATION À L’ESMA ?

A l’époque, je ne connaissais pas du tout ce milieu et j’étais déjà très surprise de voir que c’était un parcours d’études supérieures qui existait. Après avoir vu les courts-métrages (dont je garde un souvenir très fort), j’ai pas eu besoin de chercher quelles écoles offraient ce circuit, c’était celui de l’ESMA que je voulais. Celui des vidéos que je regardais depuis des mois, complètement fascinée (Jungle Jail, Frat, Mon ami Charly, Dans la tête, Oracle).

QU’EST-CE QUE LA FORMATION & les enseignants t’ont apporté ?

La formation cinéma d’animation 3D m’a apporté un niveau de connaissance très complet pour me lancer dans le monde professionnel. La formation de l’ESMA a développé en moi un sens artistique aigu et j’ai affuté mon regard. Les enseignants eux m’ont apporté leur vision d’artiste et le partage de leur connaissances. Ils nous ont aussi habitué à travailler avec des délais et une charge importante de travail, une rigueur dans mon travail.

Y AVAIT-IL UNE MATIÈRE QUE TU APPRÉCIAIS EN PARTICULIER ?

Ma rencontre avec l’ESMA, c’est ma rencontre avec le monde de l’Art. Je ne savais pas dessiner en entrant à l’école, ou tout du moins, je n’avais jamais cherché à développer ces qualités. A la fin de ma Mise à Niveau en Arts Appliqués, le dessin faisait désormais partie intégrante de mon être, une réelle passion a vu le jour. Depuis ma grande passion et plaisir dans la vie, c’est la création graphique (dessin traditionnel, peinture acrylique, digital painting).

Cette passion c’est M. Etienne Eczet qui me l’a transmise, notre professeur de dessin. Il avait les mots justes pour développer notre regard, il m’a littéralement appris à regarder.

Côté infographie, j’adorais les cours de rendu / théorie de l’éclairage, pour moi c’était à ce moment-là que l’on créait nos images.

COMMENT S’EST PASSÉE TON IMMERSION PROFESSIONNELLE APRÈS TA SORTIE DE L’ESMA ? et qu’espérais-tu à la sortie de tes études ?

A l’entretien de sélection de l’école, la promesse était qu’en sortie d’école, 96-98 % des élèves trouvaient un travail dans les 6 mois suivant leur sortie d’école. (Ayant contracté un prêt étudiant, c’était capital).
Effectivement, j’ai moi-même signé un contrat avec MPC à Londres à peine trois semaines après, pour un début de carrière 3 mois plus tard.

L’insertion professionnelle s’est extrêmement bien déroulée et je dois beaucoup à la formation de l’ESMA. Certes dans un studio le pipeline s’apprend, les outils et les spécificités de chaque département, mais grâce à la formation, ma compréhension des autres départements était plutôt complète pour quelqu’un n’ayant pas encore bossé dans le milieu. Je me souviens avoir trouvé les débuts trop facile hahaha ! On nous apprend à faire énormément à l’ESMA, c’est une formation généraliste et les exercices que l’on doit rendre nous amènent au minimum à utiliser trois disciplines donc me retrouver à être en charge que d’une seule discipline, d’un seul des aspects de la production, c’était étonnant au premier abord, mais très agréable de pouvoir se spécialiser de la sorte !

Une fois rentrée dans un studio, je me suis rendue compte que le milieu professionnel des VFX était moins intimidant que ce que je pensais et je n’ai pas rencontré de difficulté à changer de studio. Surtout quand la réputation de l’ESMA est derrière toi, je n’ai jamais travaillé en France, mais à l’étranger la formation ESMA sur mon CV a toujours fait son petit effet (on me l’a même précisé une fois en entretien : « On est tellement content du seul étudiant de l’ESMA que nous avons embauché, que votre CV est prioritaire, parce que vous venez de la même formation).

Ton parcours professionnel

PEUX-TU NOUS PARLER DE TON MÉTIER td lighting ? EN QUOI CONSISTE-T-IL ET EN QUOI TE PLAÎT-IL ?

Le Lighting TD s’applique à amener des lumières dans la scène 3D afin de : voir quelque chose d’abord mais surtout donner une intention. Il est aussi responsable de la découpe des différents éléments à rendre et comment. Est ce qu’on rend le personnage sur le décor, ou est ce qu’on va séparer le personnage du décor ? Et le marteau qu’il jette dans les airs, lui aussi faut-il le séparer et le rendre séparément des autres éléments ? Quels AOV / utilities aura besoin le compositeur derrière pour faire au mieux et le plus facilement son travail, comment puis-je l’aider ?

Mais le lighting TD est aussi responsable de la qualité de l’image qu’il rend, on veut être capable de lire tous les éléments de l’image, de la meilleure qualité, mais sans problèmes. Il est aussi en charge d’optimiser son utilisation des ressources nécessaires mon rendre son shot – on parle ici d’optimisation.

C’est aussi le lighting TD qui, en fin de course, récupère le travail de tous les autres départements en amont. Il doit donc aussi communiquer avec ces départements si jamais quelque chose ne marche pas correctement et serait passé à la trappe de la supervision.

PEUX-TU NOUS PRÉSENTER TES PASSAGES dans LES DIFFÉRENTS STUDIOS OÙ TU AS EXERCÉ ? et ce que ces expériences t’ont apporté ?

Pour cette question je ne suis peut-être pas la mieux placée. J’ai eu la chance d’intégrer Framestore dans ma première année professionnelle, 9 mois après mon diplôme, et j’entame ma 6e année dans ce studio en tant que Lead maintenant.

En sortie immédiate de l’école (contrat signé en octobre) j’ai décroché mon premier emploi chez MPC à Londres, pour l’expérience dans ce studio, c’est le retour à la réalité que cela m’a apporté. Deux semaines après mon premier jour, 200 personnes se sont retrouvées virées, y compris tous les nouveaux petits juniors comme moi. J’ai pu décrocher un autre poste en un peu moins d’un mois (ils étaient tellement contents du seul étudiant de l’ESMA qu’ils avaient embauché, en lighting en plus ! que pour eux c’était tout vu) chez MILK VFX.

Une période de trois semaines d’essai, et je re-signais. Ce fut une expérience très enrichissante dans un studio de moins de 80 personnes, une ambiance très familiale mais beaucoup de travail et très complet ! Une vraie application de mes qualités apprises à l’école, étant un relativement petit studio, leur utilisation de Maya était proche de ce qu’on nous avait appris à l’école. Ce fut de loin ma meilleure expérience humaine dans un studio, tout le monde se connaissait.

Quelques mois plus tard, je partais pour Framestore.

PEUX-TU NOUS PARLER DES DIFFÉRENTS PROJETS SUR LESQUELS TU AS ÉTÉ AMENÉE À TRAVAILLER DANS LES DIFFÉRENTS STUDIOS OÙ TU AS EXERCÉ ?

J’ai commencé par travailler sur la série anime Thunderbirds Are Go! quand j’étais chez MILK VFX.
Mon premier projet à Framestore a été Geostorm, avec une échelle maya x10.000 ce qui avait été fait pour Gravity. Très challenging à gérer car les scènes étaient énormes. J’ai ensuite enchainé sur La Belle et la Bête, Kingsman, Fantastic Beast 1, Thor Ragnarok parmi les plus marquants.

C’était pour Londres, une fois transférée à Montréal au Canada, j’ai eu la chance de travailler sur Christopher Robin, la qualité des assets de Porcinet et Bourriquet m’ont juste envoyé dans un autre monde.
Je suis ensuite passée Lead de l’équipe Lighting sur Detective Pikachu, Artemis Fowl et sur Jingle Jangle, le conte de noël sur Netflix et j’ai travaillé en tant que Senior sur Tom et Jerry qui sortira en 2021.

tu exerces depuis 6 ans chez framestore. qu’est-ce qui te plaît dans ce studio ?

C’est un studio humain qui s’efforce de valoriser ses artistes et qui tente de les faire rester.

depuis le début de ta carrière tu as exercé dans de grands studios et sur des blockbusters attendus dans le monde entier. n’est-ce pas impressionnant en sortant d’école ?

Ayant grandi aux Disney, avoir eu la chance de bosser « pour eux » sur la Belle et la Bête était un rêve devenu réalité. Et en règle générale, dès que je bosse sur une production Disney, je suis ravie !

Quand je travaille sur un Marvel, c’est de la fierté par procuration car mon père est un ultra fan de l’univers depuis ses débuts sous forme de Comics. Pouvoir lui rapporter parfois des goodies du client Marvel comme des pins collectors et lui dire que j’ai participé aussi peu soit-il à la production d’un de ces blockbusters, c’est juste génial.

Mais rien à voir avec le fait d’être impressionnée, j’étais plutôt hyper fière hahaha. Des amis qui ne savaient pas trop ce que je faisais se sont d’un coup trouvé une passion pour les génériques de films, c’était très drôle.

Ce sont plutôt tes collègues qui sont impressionnants, tu arrives avec tes trois mois d’expérience et tes voisins de table ont 12 ans et plus d’années d’expérience dans la boîte, alors on te répète que t’es qu’un petit maillon dans la chaîne de production d’un film, mais alors être assis à côté des ténors, tu te rends vraiment compte de la taille de ton maillon.

QUE RESSENS-TU QUAND TU VOIS TON TRAVAIL PROJETÉ SUR GRAND ÉCRAN OU À LA TV ? ET VAS-TU LES VOIR AU CINÉMA ?

Les premiers projets, c’est de la fierté à ne plus savoir qu’en faire. J’ai d’ailleurs inauguré avec La Belle et la Bête au cinéma, première fois que je suis restée pour lire le générique ! J’ai aussi eu la chance énorme d’avoir été créditée sur tous les projets sur lesquels j’ai travaillé jusqu’à aujourd’hui (ce n’est vraiment pas garanti dans l’industrie). Maintenant que je suis Lead c’est beaucoup plus assuré.

Quand ce ne sont plus tes premiers projets, je sais que je remarque tout ce qui ne va pas dans le shot maintenant, ou alors tu te rappelles des notes des superviseurs par rapport à tel ou tel détail et parfois c’est difficile de voir autre chose. Je reste hyper fière du travail livré mais avec un regard éduqué par les années.

Forcée de dire que j’en ai vu que très peu au cinéma. J’attends généralement qu’ils sortent en DVD, support physique pour les regarder. Mais cinéma ou plus petit écran chez moi, le ressenti est le même.

ÉTAIT-CE UN CHOIX DE TA PART DE PARTIR DANS PLUSIEURS PAYS OU AS-TU RÉPONDU À DES OPPORTUNITÉS ?

J’ai toujours voulu une expérience de vie à l’étranger. Quand l’école nous a amené au festival d’Annecy, tout le monde se bousculait pour les représentants de MPC qui étaient là. J’ai suivi le mouvement et je me suis rendue compte que c’était ce genre de studio que je voulais, faire des Minions ça ne m’intéressait pas, je voulais tromper la réalité. J’ai ensuite fait des recherches et découvert que c’était le studio Framestore qui avait travaillé sur le dragon blanc qui vole dans Harry Potter. J’avais enfin trouvé la différence entre studio d’animation et studio de VFX.

Malheureusement, la France n’est franchement pas à jour en ce qui concerne le cinéma et les studios de VFX n’existent que dans une échelle bien moins importante que son voisin anglo-saxon. Et pas sur le même type de projet.

J’aimerai rentrer en France, mais je refuse de travailler à Paris… Je ne suis donc pas prête de rentrer haha.

AU COURS DE TES DIFFÉRENTS POSTES, AS-TU ÉTÉ AMENÉE À TRAVAILLER AVEC DES ANCIENS DE L’ESMA ?

Une chose est sûre : l’ESMA est partout dans le monde des VFX ! Il y a des anciens partout ! Et oui cela m’est arrivé plusieurs fois de devoir travailler avec des anciens de l’ESMA, mais d’autres départements / spécialités.

en parallèle tu es artist painter. Peux-tu nous en dire plus ?

Passionnée de dessin et d’art, il n’était qu’une question de temps avant d’essayer de passer du dessin à la peinture. Mais depuis, difficile d’arrêter la peinture hahaha ! J’aimerai un jour me professionnaliser. Avec 40 heures par semaine du côté boulot, il est difficile d’en faire une activité principale.

Apres avoir exposé à un group show « Femme Scandale », j’y travaille encore plus. J’évolue, j’agrandis mes techniques et connaissances jusqu’au jour où je ne voudrai faire plus que ça ; En attendant je vends mes tableaux et dessins 🙂 .

Pour conclure

Alors, comment c’est la vie au Canada ?

L’accessibilité aux grands espaces Nord-Américains et la beauté des paysages est tout simplement unique. L’échelle du pays est aussi hyper impressionnante, c’est surtout des espaces vides !

Les gens sont adorables et la mentalité européenne mix américaine est intéressante ! Le Québec reste malgré tout très différent du Canada, c’est le seul endroit où on parle français et la mentalité diffère aussi du reste du Canada.

SOUHAITES-TU ENCORE VOYAGER UN PEU OU PENSES-TU RENTRER EN FRANCE ?

Je compte rester à Framestore encore longtemps, mais avec ma famille en France, forcément un retour en France sera l’étape d’après.

COMMENT AS-TU VÉCU L’ÉVOLUTION DE LA 3D / FX DEPUIS TON DIPLÔME ? et comment vois-tu son évolution dans les années à venir ?

Avec les spécificités de chaque boîte avec leur propre pipeline, je n’ai pas subi l’évolution de la 3D – chaque boîte a sa façon bien à elle d’intégrer les (nouvelles) technologies et de gérer la CG. Par contre ! Quand je vois les films étudiants qui m’ont motivée à rejoindre l’ESMA, puis ceux de ma promo, puis ceux des promos d’après, la différence de technologies et de qualité est choquante !

Je vois son évolution se tourner de plus en plus vers le temps réel et non le pré-calculé. Les résultats sont de plus en plus impressionnants et ce que les gens arrivent à faire maintenant en temps réel frôle le niveau d’excellence des studios. Sauf qu’en plus cette technologie apporte beaucoup plus à une production que juste une image rapide. Ça amène de la modularité avec le client, amène la CG sur le plateau de tournage, permet à l’acteur de se voir interagir directement avec un alien sur un écran. En termes de productivité et d’efficacité, le temps réel c’est notre futur. En 2020 j’ai vraiment senti le shift d’intérêt.

ET DANS 5 ANS, OÙ SERAS-TU ?

Je préfères ne pas y penser 🙂